Si l’eau m’est à conter, je parlerai d’Eyguières          Tout est armoirie d’eau

Où dans son temps d’hier, tous les canaux tracés     De cette ville d’eau

Vont tramer son berceau en terres nourricières,        Où trois aiguières  pleines

Où l’eau des sources et des fontaines altières           Des trois sources font scène,

Vont abreuver son cœur en battements versés.         Donnant avec raison

Si l’eau m’est à conter, je parlerai d’Eyguières....       Don eau dans son blason.

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La ville m’a passionné dès notre arrivée, voilà bientôt deux ans, ses eaux m’ont envouté au point de remonter l’histoire pour vous livrer des histoires et des contes sur les fontaines, les sources, le lavoir de Bormes, sur le canal de Craponne, sur le moulin à eau de Frédéric, son frère, sur l’eau qui lutta contre la Grande Peste en 1720 et obtînt sa petite part de sainteté. Que d’eau, que des histoires qui puisent leurs sources dans les gouttes du temps (de la préhistoire à nos jours) tout en empruntant le canal de la rêverie, tout en s’enrobant du jet de l’imagination. Vous ferez connaissance avec les amoureux de la source de Gilouse, avec Clothilde, la vate de la source de Bormes, avec Delphine qui percera le mystère de la dame en noire et de la Font Vieille, avec Jean la taille et son fils, batisseurs de l’impluvium du Castellas, avec cette petite infirme qui bouleversa Saint Vérédème, avec « Baptiste, qui chercha l’origine du nom de la fontaine à la Coquille au point que son adolescence en sera bouleversée et marquée par tous ses secrets dévoilés. » Je vous parlerai des galets de la Crau qui vont raconter la légende d’une bataille légendaire entre Ulysse et le peuple courageux des Liguriens, des murs du lavoir de Bormes qui suintent des murmures des lavandières : « Ils sussurent des bruits venus d’un autre temps qui ne font plus écho à notre temps présent....Ce sont les chocs étouffés des battoirs qui frappent le linge mouillé ; c’est la claque de l’eau qui tombe en paquet dru sur la pierre à frotter quand les draps sont tordus ; c’est le souffle haletant des femmes qui peinent à tordre les nappes gorgées d’eau ; c’est la chute obsédante de l’eau qui s’égoutte larme à larme du linge; c’est  ... » « Il faut fermer les yeux et garder en mémoire l’eau qui glisse au coeur du lavoir, pour que des contours, des formes apparaissent. Au bout d’un certain temps, on verra s’agiter ces femmes aux bras nus et musclés, portant des chemisiers ouverts, offrant, pour certaines, la naissance des seins au regard des hommes qui veulent bien passer le long des colonnes où le chemin s’étire... »